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Professionnels

1. Compétences professionnelles spéciales

Depuis le 1er janvier 2015, six Qualifications Professionnelles Particulières (QPP) ont été reconnues par la loi, y compris la compétence professionnelle spécifique à la thérapie manuelle.

Après avoir complété une formation additionnelle (Master complémentaire ou postgraduat) et une année de travail sous la supervision d’un thérapeute manuel, vous pouvez, en tant que kinésithérapeute, demander la reconnaissance d’une compétence professionnelle spéciale en thérapie manuelle. Afin de conserver cette reconnaissance à l’avenir, il sera également nécessaire à partir de 2017 de maintenir un portfolio de formation continue.

L’introduction des QPP contribue à plus de transparence dans notre domaine d’expertise, définit clairement les compétences dans le domaine professionnel et garantit la qualité des soins dispensés.

 

2. Thérapie manuelle 

La thérapie manuelle est une compétence spéciale en kinésithérapie qui se concentre sur les problèmes de fonctionnement des patients souffrant de troubles musculo-squelettiques. Les plaintes se manifestent dans le domaine neuromusculosquelettique, sont liées à des limitations dans les activités et la participation et peuvent nuire à la santé en général. La gestion de la charge est une notion fondamentale.

Le thérapeute manuel agit sur la base du raisonnement clinique et utilise des techniques de traitement spécifiques, y compris les techniques manuelles et la thérapie par l’exercice. Lorsqu’on se confronte à la douleur chronique, les principes neurophysiologiques ou de neuroscience de la douleur occupent une place primordiale : l’éducation partielle de celle-ci au patient est alors de mise.

Le thérapeute manuel s’appuie sur les preuves scientifiques et cliniques disponibles et aborde chaque patient de manière holistique à partir du cadre biopsychosocial.

Le thérapeute s’attarde, en première instance, aux traitements qui ont démontrés leur efficacité thérapeutique dans le cadre de troubles fonctionnels.

En outre, il existe des preuves cliniques dans le monde entier pour l’action thérapeutique manuelle avec un large consensus (expert) en kinésithérapie musculo-squelettique.

 

3.1. Qui est thérapeute manuel ?

Un thérapeute manuel légalement reconnu a suivi, après sa formation de kinésithérapie, une formation complémentaire en thérapie manuelle dans un établissement universitaire, reconnu et subventionné par la loi, après avoir terminé sa maîtrise en tant que kinésithérapeute.

En plus d’acquérir des compétences, la formation comprend une analyse du mouvement basée sur le modèle biopsychosocial qui mène à la mise en place d’un traitement. La thérapie est à la fois pratique et didactique d’une approche contemporaine de la neurosensibilité.

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3.2. Indications pour thérapie manuelle

Les affections vertébrales (lumbago/lombalgie, dorsalgie, torticolis/cervicalgie, sciatique, cervico-brachialgie) sont les motifs de consultation les plus fréquents. C’est d’ailleurs un sujet d’étude fréquent.

Néanmoins, d’autres troubles NMS, tels que les douleurs des membres inférieurs et supérieurs, les tendinopathies, les céphalées (cervico-géniques ou de tension), sont également un motif de traitement et sont des indications fréquentes.

Le thérapeute manuel traitera également les douleurs fantômes, le SDRC (syndrome douloureux régional complexe, communément appelé algodystrophie) et les mécanismes de douleur dysfonctionnels (phénomène avec prédominance d’une sensibilisation centrale).

 

3.3. Efficacité de la thérapie manuelle

Un raisonnement clinique approfondi et fondé sur des évidences est mis en avant.

La recherche sur l’efficacité de la thérapie manuelle est primordiale. L’efficacité est souvent évaluée sur la base des critères suivants : amélioration de la douleur, fonction, limitation, qualité de vie. Une comparaison est faite entre différentes techniques, allant des manipulations, des mobilisations, des techniques de tissus mous, de l’exercice physique général et spécifique jusqu’aux soins médicaux standards, consistants à rester actif, rassurer et éduquer.

 

Aperçu de l’efficacité selon la plainte:

Un groupe cible important sont les patients souffrant de douleurs lombaires. Il existe de fortes preuves que les manipulations offrent une valeur ajoutée dans la phase aiguë et subaiguë.

Avec la lombalgie chronique, les preuves sont modérées à fortes. D’autres traitements en combinaison avec des manipulations donnent des résultats significativement meilleurs que sans. (1) La thérapie manuelle pour la lombalgie est donc efficace et s’avère également rentable. (4) (5)

Les mêmes résultats ont été trouvés dans le traitement de la douleur au cou (cervicalgie) : la thérapie manuelle donne des résultats plus rapides, est plus efficace et coûte moins cher (3).

En ce qui concerne la douleur chronique et les dysfonctionnements des mécanismes de douleur, il existe des preuves pour l’utilisation de l’éducation aux neurosciences de la douleur (6).

Chez les patients souffrant de lombalgie ou cervicalgie, toutes deux d’origine neurogène, l’utilisation de techniques de mobilisation neurodynamique est plus susceptible d’être efficace.

Le rôle de la thérapie manuelle a également été démontré (8) dans le traitement d’un large éventail d’autres pathologies, telles que l’arthrose du genou (9, 10), dysfonctions temporo-mandibulaires (2), le syndrome du canal carpien (7)....

 

Réferences

1- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24976749

Dans la lombalgie aiguë et subaiguë, il existe de fortes preuves pour l’utilisation de manipulations pour améliorer la douleur, la fonction et l’état de santé général à court terme. Il existe des preuves modérées vis-à-vis de l’efficacité des manipulations quand elles sont combinées à des mobilisations, des techniques de tissus mous et des soins médicaux standards (ce comparé a l’apport de soins médicaux standards seuls).

Dans le cas de la lombalgie chronique, il existe des preuves modérées, voire fortes, concernant l’effet à court terme du traitement par manipulation. Il existe des preuves modérées qui soutiennent l’utilisation combinée de manipulations, de techniques de tissus mous et d’exercices ou encore des soins standards comparé à des exercices et l’école du dos. Ceci prévaut pour la douleur, la fonction et la qualité de vie à court et à long terme.

Les preuves pour l’utilisation de mobilisations et de techniques de tissus mous et de soins standards comparées aux soins standards uniquement à court et à long terme pour ce qui concerne la douleur sont encore limitées. Il y a également un manque de preuves pour l’utilisation combinée de manipulations et d’exercices d’extension (McKenzie) pour la douleur à court et à long terme seulement.[dM1] 

Les soins médicaux standards consistent à rester actif, rassurer, éduquer et prendre des médicaments.

2- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26144684

À court terme, une approche manuelle musculo-squelettique a un effet plus important sur les troubles temporo-mandibulaires que sur d’autres traitements plus conservateurs. La thérapie manuelle est également efficace ici.

3- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12714472

Dans le cas des traitements de la nuque, il a également été montré que la thérapie manuelle entraîne des résultats plus rapides, plus efficaces et moins coûteux par rapport à la kinésithérapie conventionnelle ou le traitement uniquement avec le médecin traitant.[D2] 

4- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15556954

Dans le traitement de la lombalgie, la recherche montre de manière convaincante que la manipulation en tant que telle et les manipulations suivies d’exercices sont efficaces et rentables. Il y a des améliorations significatives dans la fonction, la douleur, la limitation, les aspects physiques et mentaux de la qualité de vie et les croyances au sujet du mal de dos. Cela a été démontré sur une période de 12 mois.

5- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24986566

La recherche chez les patients souffrant de lombalgie et de douleur / limitation de l’épaule montre également que la thérapie manuelle aurait des avantages économiques par rapport à d’autres interventions dans le traitement des troubles musculo-squelettiques. Certaines techniques manuelles auraient un meilleur rapport coût-efficacité que les soins conventionnels, les conseils du médecin généraliste, la stabilisation de la colonne vertébrale, le conseil de rester actif, le traitement de courte durée de la douleur... Mais pour l’instant les preuves sont encore très limitées. Des recherches supplémentaires sont nécessaires.

6- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27351541

La recherche scientifique soutient l’utilisation de l’éducation autour des neurosciences de la douleur chez les patients souffrant de douleurs chroniques ou de mécanismes de douleurs dysfonctionnels. L’éducation réduit la douleur et améliore la connaissance de la douleur du patient, améliore ses fonctions et réduit ses limites. L’impact des facteurs psychosociaux est également réduit, les mouvements sont améliorés et l’utilisation des soins de santé est minimisée.

7- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26281946

Les patients atteints du syndrome du canal carpien présentent, à moyen et long terme, des résultats similaires en termes de douleur et de fonction après chirurgie et après traitement manuel (y compris les techniques de désensibilisation). À court terme, la thérapie manuelle donne de meilleurs résultats que la chirurgie.

8- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28704626

La recherche montre l’efficacité de différentes techniques de mobilisation neurodynamique chez des patients souffrant de lombalgie chronique, de brachialgie, de douleur plantaire au talon ou encore du syndrome du canal tarsien, qui avaient dès lors probablement une origine, partiellement du moins, neurogène. Chez ces patients, des effets neurophysiologiques positifs ont été observés. Aucune efficacité n’a pu encore être démontrée au sujet du syndrome du canal carpien, le syndrome du canal cubital ou la chirurgie post-lombaire. Ces études ont leurs limites, mais elles montrent l’importance d’un raisonnement clinique de grande envergure, mais aussi d’études encore plus approfondies et de la formation continue des kinésithérapeutes spécialisé en thérapie manuelle.

9- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27860218

En examinant l’efficacité et la fiabilité de la thérapie manuelle dans le traitement de l’arthrose du genou, un haut niveau d’efficacité a été trouvé lorsque la thérapie manuelle n’a été comparée à aucune thérapie, ou lorsqu’elle survient en complément d’un autre traitement. L’effet était essentiellement perceptuel. La fonction était, selon les dires des patients, améliorée, tandis que cela ne s’est pas objectivement confirmé dans l’immédiat et que l’intensité de douleur n’était que réduite de peu.

10- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28535547

La recherche suggère que la thérapie manuelle est efficace et sans danger pour soulager la douleur, la raideur et la fonction chez les patients souffrant d’arthrose du genou. La thérapie manuelle devrait être considérée ici comme un supplément et un traitement alternatif.  D’autres recherches sont, comme bien souvent, nécessaires.